Maintenant que le fun est passé, voici venu le moment de passer aux choses sérieuses et de fabriquer votre collection de A à Z, sans oublier toutes les lettres entre les 2 😉
Cet article est donc le 3ème de ma série sur le dessous de la création d’une nouvelle collection de bijoux. Après une première étape plutôt sympa qu’est celle de l’exploration et la recherche de nouveaux modèles, puis celle un peu plus frustrante du choix cornélien qui consiste à garder un ensemble harmonieux et cohérent (une collection), voici que l’on s’attaque maintenant au prototypage des bijoux.
Le prototypage, c’est quoi ?
Et bien il s’agit de la pièce “zéro”, celle qui servira de modèle. Il peut bien entendu y avoir des brouillons encore, mais il faudra, pour chaque modèle, ressortir avec une pièce parfaite, telle que vous voudriez voir toutes les suivantes.
Et c’est justement là que réside toute l’importance du prototype : c’est qu’il faudra que toutes les pièces suivantes soient les mêmes. Et cela sous-entend une certaine rigueur et quelques étapes supplémentaires.
1 / Re-faire ses modèles
Un point crucial avant de valider si un modèle entrera ou non dans votre collection, est de s’assurer de sa reproductibilité (mon Dieu que ce mot est long… on s’est compris, il faut pouvoir le refaire sans problème 😉 )
Voilà donc l’utilité d’avoir tout pris en note lors de votre phase de recherche… Vous devez retrouver facilement les techniques, outils, gabarits et dimensions utilisés pour le modèle choisi.
Mon conseil est donc de le fabriquer à nouveau, en ajustant certaines étapes au besoin, pour vérifier sa bonne faisabilité. Ne pas oublier de se chronométrer à nouveau ! La chance du débutant, vous connaissez ? Combien de fois il m’est arrivé de mettre 10 minutes pour faire une première pièce, puis de passer une demi-heure pour la reproduire ensuite… c’est tout bête, mais ce temps est précieux, il déterminera une partie de votre prix, que ce soit vous ou un quelqu’un d’autre qui le fasse !
Autre conseil : il est important de noter à nouveau les différentes étapes de la fabrication de manière très précise, et de noter le moindre changement ou la moindre variation dans vos notes. Le cas échéant, c’est ce document qui servira de base de note de confection pour vos sous-traitant.
2 / Décliner les modèles
Si cela est dans vos souhaits pour votre collection, il peut être utile de “décliner” un modèle pour en faire des gammes. Par exemple, si vous partez sur un modèle de pendentif feuille, vous pouvez essayer de le transposer en bague, boucles d’oreilles, bracelet etc…
Il n’est évidemment pas indispensable de faire “la totale”, parfois certains modèles se déclinent mal en bague ou en boucles par exemple. Certaines marques se spécialisent même dans un seul type de bijou. Il est assez courant de voir un bijoutier ne proposer que des bagues ou alliances, ou une créatrice ne privilégier que les boucles d’oreilles. Cela peut même être un parti pris qui vous fera connaître pour cela. L’important est de proposer ce que l’on sait faire le mieux ! Mais il peut être intéressant de proposer une gamme consistante et assez complète.
Quoi qu’il en soit, mieux vaut éviter de se forcer si l’on ne trouve pas l’inspiration pour certaines déclinaisons. Cela se verra, et il y a fort à parier que ce seront des modèles qui ne se vendront pas.
Personnellement, j’ai décidé cette année de mettre l’accent sur les boucles d’oreilles. Autant je ne jurais que par les bagues la saison dernière, autant en ce moment je me sens littéralement “hantée” par les grosses boucles. J’ai tout de même choisi de faire quelques colliers, une seule manchette et 2 bagues, mais je souhaite surtout mettre en lumière mes boucles, pour lesquelles j’ai pris beaucoup de plaisir à la création.
3 / Deviser !
Si certaines étapes nécessitent de passer par un prestataire extérieur, c’est LE moment pour demander les devis ! Vous pourrez ainsi prendre des décisions s’il le faut, avant d’avoir totalement bouclé votre collection.
Découpeur laser, soudeur, émailleur, assembleur, émailleur, doreur, ou que sais-je encore… Harcelez-les ! 🙂
Cela vous évitera également de devoir attendre après un prix au dernier moment, et ainsi de décaler la sortie de votre nouvelle collection (ça sent le vécu ?)
4 / Passer au crible chaque modèle
Maintenant commence la partie fastidieuse. Dans votre intérêt, il faut absolument TOUT noter, le moindre petit élément. Si vous êtes bien appliqué, vous avez déjà noté chaque geste, pour ne rien oublier de la fabrication de votre bijou. Maintenant il s’agit de répertorier tous les éléments qui composent ce bijou, et où vous le trouvez et dans quelles quantités. Personnellement, je me fais une trame dans un petit carnet, où je note :
- l’élément, et ses caractéristiques (longueur, circonférence, matière, couleur etc…)
- Par exemple : tube rond laiton, diamètre extérieur 3mm, coupé à 32mm.
- la source d’approvisionnement
- Par exemple : fournisseur Tartaix
- Éventuellement la référence
- Ex : Tube RL3
- Et le coût de la pièce ! (si si, très utile)
- Ex : le tube de 50cm coûte 3,14€ (prix totalement bidon) donc ici je noterai 50cm / 3,2cm = 15,6 donc 3,14€ / 15,6 = 0,20€
Alors oui, c’est long et fastidieux, mais cela vous assure de ne pas avoir à y revenir, et surtout de savoir d’un coup d’œil le coût de revient de votre bijou (vous avez le prix de la matière première + le temps de fabrication, c’est tout bon !) mais aussi de vous faciliter grandement la vie pour passer vos commandes de matériaux et fournitures !
Dans le cas d’un bijou qui vous semblerait “trop cher” à fabriquer, vous pourrez également voir en un coup d’oeil quel est le poste de dépense sur lequel vous allez essayer de trouver un autre fournisseur.
5 / Evaluer et faire des choix
Après toutes ces étapes de quantification, améliorations, recherches de sous-traitants, vous devriez être maintenant plus à même de savoir quels modèles sont “viables” ou non.
Le temps imparti pour le réaliser est-il trop aléatoire ? Le coût des matériaux utilisés est-il susceptible de varier (#lessoustraitantsquipeuventpasdonneruntariffixe) ? Ou bien n’êtes vous pas sûr de pouvoir vous ré-approvisionner facilement ?
Tous ces paramètres doivent maintenant rentrer en compte pour faire une dernière sélection. Si les coûts ou la fabrication sont trop contraignants par rapport au prix de vente que vous imaginez pour cette collection, alors mieux vaut s’éviter des ennuis et passer à autre chose.
Conseil d’amie !
On se retrouve très vite avec la 4ème étape de cette série sur les dessous de la création d’une collection de bijoux. En attendant, vous pouvez retrouver les précédents articles ici :
Puis après le prototypage vient :
A bientôt !
Tya says
Excellent article 😉
Et en effet, combien de fois ai-je fais confiance à la chance du débutant… pour ensuite passer beaucoup plus de temps à reproduire les modèles …
Merci beaucoup
Mel says
Oui, j’appelle ça aussi “la loi de Murphy” 😀
Caroline - Objectif bijoux says
Très bon article !
Personnellement, je ne calcule pas mon coût horaire à la phase de prototypage justement parce que celui-ci est souvent biaisé par cette fameuse “chance du débutant”.
En fait, pour le calculer, je me lance dans la fabrication d’une dizaine de modèles. Je me chronomètre donc pour ces dix modèles et je divise ensuite par dix. Ça me donne une meilleure estimation. Eh oui, parce qu’il arrive aussi que certaines pièces nous posent plus de problèmes que d’autres, même s’il s’agit du même modèle 😉
Mel says
Bonjour Caroline,
En effet, je finis souvent par faire comme cela. Le faire en amont permet juste d’évaluer la faisabilité d’un modèle. Et c’est d’ailleurs le sujet du prochain article de cette session “la fabrication en série” où je parle de l’ajustement et l’optimisation des prix (et donc temps de production) 😉
Une collègue BP ?
🙂
Caroline says
Ah ben oui tient ! 🙂 Faut qu’on se mette sérieusement en contact du coup. Enfin, si ça te tente 😉
Pascaline says
Merci!!
Votre série d’articles set super.
Mel says
Merci beaucoup 🙂
Sisambre says
Je confirme, très bonne série d’articles. Bien utile. Merci
Emilie says
Bonjour, Je suis tombé sur votre blog par hasard en faisant des recherches internet. C’est une mine d’or que vous nous offrez, avec vos articles et vos conseils. Je suis surprise d’appliquer déjà certaines des choses que vous mentionnez. Alors mille fois merci !!!! Car tout ceci me donne un coup de boost, qui parfois me fait défaut !
Mel says
Merci Emilie, je suis ravie de pouvoir être utile !
Au plaisir 🙂
Céline Lang says
Bonjour à tous, moi aussi je me lance et je dois admettre que la chance du débutant existe bien (pendant un temps, cependant). Je me suis confrontée également à des échecs et j’avoue que c’est parfois décourageant mais je persévère grâce à vos conseils. Et je confirme, c’est une mine d’or. Milles mercis de partager ça avec nous …
Mel says
Merci beaucoup Céline pour ces mots touchants 🙂