“Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends”.
Nelson Mandela
Entre le hobby et l’activité entrepreneuriale, développer un side project quand on est salarié offre aux personnalités créatives de belles perspectives d’épanouissement personnel. Pour être passée par la case side-project avant de prendre mon envol en tant qu’entrepreneure, voilà un sujet qui me tient particulièrement à cœur ! Je sais aussi qu’il concerne de nombreuses personnes au sein de ma communauté. J’ai eu envie d’en discuter avec Sophie-Charlotte Chapman et Sandrine Franchet : elles viennent de sortir un excellent ouvrage à ce sujet aux éditions Eyrolles. Nous avons échangé lors d’un live Instagram très enrichissant (clic clic par ici pour accéder au replay). Et c’est Sabine, mon amie rédactrice, qui a retranscrit nos échanges.
Qu’est-ce qui nous pousse à transformer une passion en activité professionnelle ?
Lancer un side-project, c’est monter un projet entrepreneurial en parallèle d’une activité principale, salariée ou indépendante. Pour rédiger leur dernier livre, “S’investir dans un projet créatif sans lâcher son job”, Sandrine et Sophie-Charlotte sont allées à la rencontre de nombreuses entrepreneuses créatives. Plusieurs motivations ressortent à la lumière de ces témoignages.
Générer un complément de revenus
La motivation financière est rarement le 1er moteur pour se lancer dans un side project, bien que celui-ci apporte souvent un complément de revenus. Lorsqu’on est limité par le temps du fait de son activité principale, on sait bien que les revenus dégagés seront eux-aussi… limités ! Soyons réaliste, il est très rare de doubler son salaire grâce à un side project. En revanche, lorsqu’on a besoin de matériel coûteux pour réaliser ses créations, il est tout à fait pertinent de songer à les commercialiser. La bijouterie, par exemple, est un passe-temps qui coûte cher. Lorsque l’on commence à créer de jolies pièces, il peut être intéressant d’en vendre quelques-unes pour rentrer dans ses frais.
Un side project pour s’épanouir et stimuler sa curiosité
Au-delà de l’aspect financier, la mise en place d’un side project comporte aussi une dimension plus personnelle. Il aide à trouver un nouveau souffle, à ranimer la flamme lorsque l’on commence à s’ennuyer dans la routine du salariat. Le side project offre la possibilité de se challenger intellectuellement, de développer des compétences nouvelles. Une tendance favorisée par l’accès à des ressources digitales illimitées disponibles sur le Web. Bien plus pratiques que d’assister à des cours du soir à l’autre bout de la ville (ou du pays, lorsqu’on recherche une formation ultra-spécifique), elles permettent l’auto-apprentissage via les tutos ou formations en ligne.
D’ailleurs, cela vaut aussi pour l’acquisition de techniques entrepreneuriales. En plus de ses modules de formation payants, Mélanie propose par exemple des tas de tutos gratuits pour apprendre la bijouterie sur sa chaîne Youtube. Sandrine et Sophie-Charlotte ont quant à elles créé leurs premières formations en ligne dans le but d’apporter aux futures entrepreneures les connaissances et les réflexes de base en communication, commerce et gestion.
Le statut d’auto entrepreneur, idéal pour se lancer
Créer sa boîte sans envoyer valser son bon vieux CDI, c’est possible en devenant auto-entrepreneur. D’ailleurs, pour Mél, la création de ce statut a été un véritable déclic :
“Je me suis lancée il y a une douzaine d’années en parallèle d’un job à temps plein en CDI. Pour moi, le déclencheur a été la création du statut d’auto-entrepreneur. Le fait de pouvoir débuter une activité professionnelle autonome tout en conservant mon emploi salarié, c’était la garantie de me lancer sans prendre trop de risques.”
Pourquoi ne pas se lancer tout de suite ?
Hésitation, syndrôme de l’imposteur, conjoncture économique moins favorable… Les raisons qui nous empêchent de sauter dans le grand bain sont nombreuses. Et puis, tout le monde n’a pas les ressources financières suffisantes pour se lancer en toute sérénité.
Une entrée en matière douce et sécurisée
Souvent, les personnes commencent à commercialiser leurs créations ou leurs services parce qu’il y a un entourage qui les y encourage. Elles reçoivent de plus en plus de commandes de la famille, peut-être des amis. Au fur et à mesure, le cercle et la demande s’élargissent et on commence à s’imaginer effectivement en faire une activité. Le démarrage en mode side project permet alors de commencer petit à petit et sans pression, d’autant plus qu’il s’agit souvent, au départ, d’un hobby.
Il faut en moyenne de 2 à 3 ans avant de générer des revenus avec son activité. Si l’on bénéficie des indemnités versées par Pôle emploi, on peut mettre à profit les 2 années auxquelles on a droit pour se lancer à 100% dans ce nouveau projet. Mais lorsqu’on est en activité et qu’on n’a pas pu mettre suffisamment d’argent de côté pour sécuriser ces premières années sans filet, le side project constitue une alternative intéressante pour se lancer sans quitter un job rémunérateur.
Un side project pour tester son idée
Est-ce que le produit que je fabrique et que j’aime faire peut intéresser d’éventuels clients ? Est-ce que je pourrais faire ça tous les jours sans me lasser ? Le side-project constitue aussi une phase de test essentielle pour mesurer la viabilité de cette nouvelle activité. C’est d’ailleurs le principe des start-ups, basé sur la logique du test and learn. Cette approche expérimentale, à l’encontre des parcours traditionnels avec études de marché qualitatives et quantitatives, permet de tirer des conclusions immédiates, basées sur des faits réels.
Lancer et gérer son entreprise est une aventure bien particulière. Le side-project est aussi une excellente manière de tester votre appétence pour l’entrepreneuriat en mettant à l’épreuve votre mindset… Il vous aide à réaliser en douceur si vous êtes prête ou non à quitter le confort d’un job salarié. L’entrepreneuriat ne convient pas à toutes les personnalités !
Salariat et side project : comment se libérer du temps ?
Cumuler les activités, c’est top… Mais comment se libérer du temps et de l’énergie quand on a une vie de famille et 35h voire 40h (voire 45h) de boulot par semaine ?
En amont de ce live, cette question est clairement celle qui a la plus été posée au sein de la communauté !
Réduire son temps de travail
La solution “mathématique” consiste à réduire son temps de travail et à consacrer une partie de ce temps professionnel à son side project. Dit comme ça, cela paraît simple et ce n’est bien sûr pas toujours facile à mettre en place dans les faits. Néanmoins, n’ayez pas peur d’en parler à votre employeur : en fonction de votre statut et votre convention collective, vous n’aurez pas nécessairement besoin de vous battre pour en bénéficier !
En pratique, les employés à temps partiel ont tendance à être tout aussi efficaces, voire même plus que des salariés à temps complet. N’hésitez pas à mettre en avant cet argument s’il s’avère nécessaire de négocier. Sachez cependant que vous serez certainement amenée à faire malgré tout 100% de vos tâches d’origine : attention au temps complet déguisé.
Autre point important, en fonction de votre contrat de travail, vous aurez peut-être l’obligation d’informer votre employeur du lancement de votre activité. Si celle-ci fait concurrence directe à l’entreprise, cela peut être problématique. D’autre part, vous n’aurez pas le droit de vous servir des équipements de l’entreprise pour travailler sur votre propre projet. Utiliser l’ordinateur de la boîte pour répondre aux mails de votre entreprise pendant la pause déj pourrait vous être reproché…
Prendre sur son temps perso pour démarrer son side project
Dans la pratique, beaucoup d’entrepreneuses interrogées par Sandrine et Sophie-Charlotte ont affirmé avoir travaillé le soir tard, le weekend ou prendre sur leurs congés pour démarrer leur activité parallèle. Les créatrices de bijoux qui n’ont jamais posé de journées pour assister à des marchés de créateurs doivent se compter sur les doigts d’une main, pas vrai ?
Souvent, il faut mettre de côté du temps de loisirs, faire un peu moins de sport ou savoir confier ses enfants aux grands-parents. Dans la mesure de ses possibilités et sans sacrifier ce qui nous épanouit, évidemment. L’essentiel étant de bien définir en amont les temps de vie sur lesquels on ne souhaite pas faire de concessions. Et quand les enfants grandissent et deviennent plus autonomes, l’emploi du temps gagne en souplesse et en liberté. On peut alors profiter de ce “temps retrouvé” pour se consacrer à un side project avec plus de sérénité !
💡 Le tips de Mélanie :
Apprenez à reconnaître vos créneaux de productivité. Si vous êtes plus efficace le matin que le soir, mettez le réveil une heure plus tôt et profitez de ce temps rien qu’à vous pour créer en toute tranquillité. C’est comme ça que j’ai commencé !
Vous êtes vraiment mordue ? Vous avez la certitude qu’il faut concrétiser cette idée ? Dans ce cas, le temps, vous le trouverez ! Une piste : passer moins de temps à regarder votre série préférée sur Netflix ou travailler sur votre propre site et vos réseaux sociaux au lieu de scroller sur Insta 😉
S’assurer de la complicité de son entourage
L’entourage joue un rôle clé dans l’entreprenariat, encore plus dans le cadre d’un side project. Avoir le soutien de son compagnon ou de sa compagne est un point important à vérifier avant de faire le grand saut ! Si vous êtes en couple ou avec des enfants, posez les bases dès le départ avec votre entourage. Un exemple ? Pour se former efficacement et sereinement sans avoir l’impression d’empiéter sur sa vie de famille, une des élèves d’Apprendre la Bijouterie a défini avec ses enfants et son mari des créneaux fixes “d’indisponibilité familiale”. À raison de 3 ou 4 soirs par semaine et 1 jour chaque week-end consacrés à sa formation, elle a pu apprendre le métier dans un temps imparti et lancer son activité.
Apprendre à déléguer
Créer, vendre, communiquer, manager… gérer son entreprise créative demande d’avoir plus d’une corde à son arc. Un conseil : choisissez vos batailles ! La plupart de ces compétences s’apprennent, évidemment, mais on n’a rarement le temps de tout mener de front (surtout si l’on veut profiter de sa vie personnelle). Sandrine et Sophie-Charlotte préconisent de déléguer certaines tâches, en fonction de votre profil et de vos appétences.
Comment prendre soin de soi quand on cumule deux activités ?
En réalité, de nombreuses femmes se lancent dans un projet entrepreneurial personnel suite à un burn out en entreprise. Il faut donc vraiment prendre garde à ne pas retomber dans les mêmes travers, car cela risque d’être encore plus présent quand on travaille pour soi.
💡Le tips de Sandrine et Sophie-Charlotte :
Fixez-vous un contrat avec vous-même dès le début et respectez-le ! Un side project s’étale nécessairement plus dans le temps, car on ne peut pas par essence y consacrer toutes ses journées. Prendre conscience de cette frustration permet d’éviter la déception ou la tentation de repousser les limites.
Travailler sur soi, lutter contre le perfectionnisme et rester bienveillant envers soi-même sont des postures essentielles pour se préserver. La tentation de se comparer à la concurrence est grande, surtout sur les réseaux sociaux, mais gardez en tête que vous ne disposez que d’un temps limité.
À quel moment faire de son side project son activité principale ?
Au fil du temps, l’activité complémentaire se développe et il devient alors légitime de vouloir inverser la tendance afin d’y consacrer plus de temps. Comment sait-on que c’est le bon moment ?
Lorsque les revenus générés pas votre side project sont rentables par rapport au temps que vous y consacrez et si vous vous sentez prête à passer en mode entrepreneure, c’est sans doute le bon moment pour transformer l’essai ! Pour Mélanie, le passage a été progressif : elle a d’abord réduit son activité salariée à 80% puis à 50% avant de faire le grand saut.
“Même si je ne pouvais pas vivre totalement de mon projet bijoux, je me suis rendue compte que plus j’y passais du temps, plus je gagnais d’argent. En constatant que mes revenus augmentaient à la mesure du temps que j’y passais, j’ai compris que je pouvais lâcher les rênes !” Sa marque OHLALA! bijoux est rapidement devenue une référence dans le petit monde de la bijouterie artisanale.
C’est une bonne manière d’y aller étape par étape sans brûler le bateau, en sachant que l’on pourra toujours faire machine arrière si le side project ne s’avère pas assez rentable pour en vivre de manière convenable. Quant au fait de savoir à quel moment faire la bascule, chaque cas est unique. On peut par exemple se rendre compte que le side project ne correspond pas à nos attentes et prendre la décision de ne pas continuer. Dans ce cas-là, on se félicite d’avoir conservé son job comme activité principale… et de ne pas s’être lancée tête baissée !
Et si on restait en mode side project ?
Certaines personnes trouvent un véritable équilibre dans la pratique de deux activités. Le side project peut tout à fait rester une activité complémentaire dans tous les sens du terme : par les revenus supplémentaires qu’elle engendre mais aussi par l’épanouissement personnel qu’elle procure. Par ailleurs, maintenir son activité salariée dans le temps offre aussi la possibilité de réinjecter une partie de son salaire dans son activité parallèle pour la développer. En bijouterie, par exemple, le matériel et les formations représentent un certain investissement. Il est clairement plus facile au début d’avoir un revenu fixe pour “amortir” ces coûts…
Prendre un nouveau départ, quoi qu’il en soit…
Parfois, ce que l’on a expérimenté dans le cadre du side project débouche sur la découverte d’autres activités épanouissantes, et nous fait prendre un tout autre chemin… que nous n’aurions jamais pu envisager autrement. Pour certaines, développer une activité complémentaire agit comme un véritable déclic et leur permet de se rendre compte qu’elles sont prêtes à se lancer dans l’entreprenariat, que ce soit dans le cadre de ce side project ou de toute autre chose !
📌 Sophie-Charlotte Chapman et Sandrine Franchet ont publié plusieurs guides aux éditions Eyrolles pour accompagner les profils créatifs dans la création d’entreprise. Basés sur des témoignages d’entrepreneuses de tous horizons, ces pépites donnent plein de ressources et de conseils concrets pour se lancer à son rythme.
📌 Mélanie a développé une offre de formation 100% en ligne pour apprendre la bijouterie en partant de zéro. Vous avez envie de devenir créatrice de bijoux ? Apprenez pas à pas les techniques de bijouterie-joaillerie et vivez de votre passion !
Et vous, quel est votre side project ?
A propos de l’auteure de cet article :
“Hello,
Je suis Sabine, une ex prof de français reconvertie en rédactrice web SEO…
J’aime les créations et les créatrices qui ont du caractère et je prête ma plume avec plaisir aux entrepreneures multi casquettes ! Au plaisir de se croiser à nouveau sur le blog 🙂 “
Rapporteur d’angle says
Merci pour ces conseils si pertinents et utiles pour se lancer dans un side project