Il y a des parcours qu’on ne soupçonne pas.
Derrière une marque de bijoux à l’allure si assumée, aux photos si léchées, à l’univers si évident… se cache en réalité une créatrice en proie aux questions et aux tâtonnements.
Mais tout vient à point à qui sait attendre, la créatrice de Blossom Bohemian, en est l’exemple parfait. Et la persévérance paie.
Diane nous raconte ses questionnements, ses envies de mieux, de plus, son parcours peu banal pour arriver à retranscrire dans le métal les ornements qu’elle a en tête.
Une fille inspirée et inspirante. Tout comme ses bijoux 🙂
Comment t’es tu retrouvée à faire créatrice de bijoux ? C’était un rêve d’enfant, un heureux hasard ou encore une réorientation professionnelle ?
Ouh là !! ça n’a pas été un parcours simple et tout tracé, loin de là ! il y a eu pas mal de tâtonnements.
Comment t’es tu formée ? Autodidacte, école, formation ?
J’ai commencé en autodidacte et bien plus tard je me suis formée à la BJO (maintenant l’École de Haute Joaillerie), et je continue encore tout au long de l’année à me perfectionner avec les cours de Paris-ateliers.
Mon parcours a été, comment dire… très chaotique et le bijou ne s’est pas imposé à moi comme une évidence, c’est arrivé bien plus tard.
Étant étudiante je n’avais qu’une seule certitude, celle de vouloir faire un travail créatif et de mes mains. Mais je n’ai jamais eu la chance de pouvoir faire des études très poussées et diplômantes en arts plastiques, faute de moyens, du coup je pensais que tout était foutu. Mais je me suis accrochée et j’ai trouvé mon système pour avancer.
Je vivais d’emplois alimentaires, de CDD et pendant les périodes de pause ou de chômage, j’enchaînais les stages. Je voulais me confronter à tous ces métiers qui me faisaient rêver, voir de l’intérieur comment ça se passait “en vrai”.
Alors un peu en vrac, j’ai assisté une styliste photo, une créatrice de mode, j’ai fait des stages en bureau de presse également….
Mais je me suis aperçue rapidement que l’univers de la mode n’était pas pour moi. J’ai remarqué que tous les fameux clichés n’étaient pas très éloignés de la réalité et j’ai préféré axer mes stages vers la photo. J’étais passionnée de photo argentique depuis des années et c’est naturellement que je me suis tournée vers le poste d’assistante en studio. Je suis passée par les étapes incontournables des stages (plusieurs mois), puis j’ai été engagé en tant qu’assistante plateau puis assistante photographe. C’était une période extrêmement enrichissante. J’ai eu la chance d’assister des photographes de renoms. L’élaboration de leur lumière pouvait parfois prendre plusieurs heures ! Un vrai travail d’orfèvre. Mais rapidement j’ai compris que dans ce milieu rares étaient les élus qui pouvaient atteindre les postes de photographe et qui réussissaient à en vivre. Le cas de figure le plus fréquent était de rester assistant photographe toute sa vie. Un peu frustrant…
Bref encore un retour en quelques sortes à la case départ.
Vous allez me dire tout ça n’a pas beaucoup de rapport avec le bijou jusqu’à présent mais en fait si, vous allez voir, on y vient…
Une heureuse nouvelle est arrivée et j’ai donné naissance à ma fille Hanako en 2006. J’ai voulu prendre du temps pour la voir grandir, j’ai donc décidé de passer une formation pour devenir assistante…. maternelle cette fois !
Bizarrement c’est dans ce marasme professionnel le plus complet que tout s’est mis en place pour bientôt converger comme une évidence !
Je m’occupais de 2 enfants en plus de ma fille et pendant leurs siestes je commençais à bricoler des bijoux, pour moi au départ. Ensuite les copines m’en ont réclamé, et en ont parlé autour d’elles. Ensuite j’ai ouvert une boutique Etsy mais surtout Dawanda et c’est comme ça que tout a commencé.
Le rêve s’est matérialisé et est devenu tout doucement réalité.
Un an et demi plus tard j’ai quitté mon emploi d’assistante maternelle et suis passée auto-entrepreneur, c’était le grand saut.
Et c’est là où toutes mes expériences passées se sont révélées utiles et m’ont aidées dans l’élaboration de mon projet. C’est là où la photo m’a semblée essentielle car j’étais autonome pour réaliser mes shootings. Et comme lorsqu’on démarre on a très peu de moyens, ça m’a rendu un fier service… J’ai donc pratiqué pendant plusieurs années l’assemblage de bijoux. Il m’a fallu tout improviser car je n’avais aucune expérience dans ce domaine et je ne connaissais personne dans ce milieu. J’ai dû trouver moi-même des adresses de fournisseurs, comprendre le principe de la dorure et des traitements de surface, etc…
Je n’avais aucune connaissance au départ dans le montage de bijoux, j’ai seulement observé comment étaient fabriqués les bijoux des autres, j’ai également un peu fouiné sur YouTube… Bref, que de l’impro !
De nombreuses créatrices travaillent exclusivement en assemblage et avec très peu de connaissances en bijouterie et cela peut tout à fait fonctionner pour elles, mais moi j’ai eu besoin d’ouvrir un peu mes horizons et comme j’adore le travail manuel c’est naturellement que l’idée d’une formation a germé. Elle a été prise en charge grâce à mon statut d’auto-entrepreneur. Ce qui est bien avec les formations pour adultes c’est qu’on peut avancer à sa guise, à la carte, en minimisant les contraintes. C’est-à-dire que si vous n’aimez pas par exemple le sertissage personne ne vous y oblige et vous pouvez choisir d’autres options.
Pour moi ça m’a permis d’obtenir des bases solides.
Et maintenant je continue à travailler sur des projets plus personnels tout au long de l’année grâce au cours de Paris-Ateliers.
Ton métier, est-ce de l’amusement tous les jours ? Quelles ont été / sont tes principales difficultés ?
Bien sûr quand on est créateur auto-entrepreneur il faut avoir de nombreuses casquettes et bien sûr on ne peut pas exceller dans chacune d’entre elles, ni tout apprécier, voire il y a carrément parfois des tâches qui sont rébarbatives (pour moi ce sont les factures, la compta….). Je ne suis pas une grosse fan du commerce pur non plus. Enfin, il faut conjuguer avec tout ça !
Pour moi la plus grande difficulté quand on est habitué à toujours tout faire par soi-même, c’est de déléguer et parfois de savoir où et comment demander de l’aide.
On est toujours dans ce bras de fer perpétuel à se dire: “je vais y arriver, je vais trouver une solution…” Dur de déterminer le moment où il faut lâcher prise et puis aussi parfois financièrement ça ne suit pas car le métier est très précaire et dans ce cas on est bloqué pour trouver la solution, pour avancer.
Comment as-tu trouvé ta “signature”, ton “style” et surtout… comment arrives-tu à t’y tenir ?
Je crois bien sûr que c’est normal de tâtonner quand on débute, d’essayer différentes pistes, mais finalement faire un bijou qui nous ressemble, c’est juste déjà créer un bijou qu’on aimerait porter soi-même et qu’on réalise en restant fidèle à son univers, sa personnalité.
Je crois aussi qu’il ne faut pas hésiter également à cultiver sa différence au risque de ne pas plaire à tout le monde.
Comment, par quels moyens t’es tu fait connaitre ? (Salons, partenariats, réseaux sociaux, blogs, newsletters, ventes privées, boutique physique etc…)
J’ai débuté avec une boutique Dawanda (une plate-forme créateur type Etsy) et j’ai également tout de suite participé à des ventes créateurs notamment l’Hôtel Bohème et les Filles en aiguille qui étaient les pionniers à cette époque.
J’ai toujours été assez active sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Pinterest et Tumblr et Hellocoton à l’époque…) et je ne pourrais pas m’en passer.
Sur insta, je ne suis pas une forcenée qui poste chaque jour (je n’en ai pas le temps et je n’ai pas de CM à mes côtés) mais je fais régulièrement des stories en plus d’alimenter mon fil.
Les réseaux sociaux sont chronophages quand on est seul à tout faire mais ce sont des outils irremplaçables et incontournables.
J’alimente aussi un blog principalement pour informer de mes news (prochains événements, workshops, nouveaux points de vente etc…). J’aimerais faire plus mais les journées sont trop courtes…
Ton geste de bijoutier / étape de fabrication / outil préféré ?
Comme j’ai un parcours atypique et que je n’ai pas eu de formation conventionnelle type CAP, je sais que j’ai encore beaucoup de choses à apprendre.
Je suis au stade où je découvre encore pas mal de choses (et c’est génial). J’ai été un peu décontenancé par le travail de la cire que je pensais beaucoup plus “libre”, j’imaginais ça comme du modelage et je me suis retrouvée à faire des plans et des coupes en travaillant un bloc de cire compact ! Mais je n’ai pas dit mon dernier mot et je vais bientôt retravailler une cire plus malléable pour laisser libre cours à mes envies de matière. Sinon j’adore bien-sûr le brasage qui rend subitement tout possible, mais en ce moment j’use et j’abuse du martelage (panne ronde), qui a la côte c’est vrai. Mais j’ai toujours aimé ce résultat sensible, irrégulier qui peut conférer beaucoup de délicatesse au métal.
Je l’utilise partout sur les médailles, les créoles, les manchettes, les bagues… PARTOUT 🙂
Ton prochain projet ? Une actu à partager ?
Ma prochaine actu: je participe le 05-06 octobre à l’édition de rentrée de l’Hôtel Bohême. Je suis une fidèle et j’adore cet événement, c’est toujours un beau rendez-vous dans une chouette ambiance, l’organisation est super carrée et la sélection des créateurs toujours pointue. Si vous voulez faire de belles découvertes il ne faut pas louper ça.
En plus à la rentrée il y a toujours ce petit truc en plus, cette effervescence détendue !!
Merci Diane de nous avoir conté sans secrets ce parcours loin d’être linéaire. De quoi prendre note pour ceux et celles qui aujourd’hui cherchent quelle voie emprunter. Celle-ci n’est pas toujours toute tracée !
Crédits Photos : Jona Dhal (portraits & atelier) / Diane Carrié (bijoux)
Le site web de Blossom Bohemian
Son profil Instagram
Sa page Facebook
Merci pour cet article tres interessant .J’adore ce style de bijoux !Quel parcours atypique !souvent les parcours les plus interessants !